Derrière les conflits armés se profile un autre univers également sous tension, celui des idéologies. On ne gagne pas une guerre idéologique avec des armes mais avec des idées. La victoire sur les champs de bataille reste toujours temporaire s’il n’y a pas d’équivalent dans le domaine des idées dominantes. Malheureusement, les démocraties s’avèrent mal préparées pour lutter efficacement contre les idéologies meurtrières. Les avancées du matérialisme prétendant conduire à une vie meilleure s’érodent en leur sein même alors que les idéologies religieuses dépourvues de tout fondement naturel ou rationnel regagnent du terrain.
Au cours des deux derniers siècles les avancées de la rationalité ont provoqué dans tous les domaines de la connaissance une érosion constante des idéologies qui donnaient jadis un sens global et une direction morale à l’aventure humaine, sans qu’elles soient remplacées par un corpus nouveau et largement partagé. Partout en Occident un relativisme mou semble animer les esprits, qu’il s’agisse du domaine religieux, social, philosophique, politique ou économique. Faut-il se surprendre alors que l’idéologie envahissante de la production/consommation/compétition à tout prix se soit engouffrée, suite à ce vide idéologique, au cœur de la conscience morale des humains et nous conduise à la fois au désastre écologique en cours et à une résurgence des totalitarismes religieux qui s’y opposent.
Face à ce chaos mental, nous avançons qu’une philosophie de vie fondée sur une conception naturelle, rationnelle et scientifique, donc universelle, de la commune nature des êtres humains serait en mesure de lutter efficacement contre les idéologies fausses ou partielles qui ont constamment soulevés les humains les uns contre les autres. Ce processus d’humanisation appelle un nouvel humanisme qui reposerait sur l’utilisation des connaissances, toujours en progrès, et sur le respect des exigences de bon développement et de bon fonctionnement de l’humain dans ses rapports avec le réel, l’environnement, la vie, soi-même, autrui, la société et l’humanité. En somme, il s’agit de replacer la personne au centre d’un humanisme renouvelé fondé sur l’humain, par l’humain et pour l’humain.
Malgré l’urgence, il n’existe pas présentement de véritables programmes transdisciplinaires d’humanisation. Pourquoi les démocraties n’élaboreraient-elles pas de tels programmes adaptés à chaque catégorie d’âge pour les rendre accessible à tous? Cette philosophie humaniste fondée sur la dignité humaine serait l’arme intellectuelle et morale la plus puissante contre tous les culs-de-sac idéologiques qui ont depuis toujours fait inutilement souffrir des milliards d’humains