16 février 2017 |  Catégories : articles

Retour du tribalisme

À l’ère planétaire où l’unité de tous les pays du monde est devenue une exigence vitale pour l’avenir de l’humanité, les États-Unis viennent d’élire Donald Trump. Or, le 45e président du plus puissant pays de la planète a déclaré lors de son discours d’investiture qu’à compter d’aujourd’hui, ce sera, les États-Unis d’abord et seulement les États-Unis.
Comment expliquer à l’ère de la globalisation que le président de ce pays défende une politique tribale. Cette fuite en arrière va directement à l’encontre d’un mouvement qui favorise le rapprochement de tous les pays afin de solutionner les nombreuses crises qui menacent non seulement la qualité de vie des tous les humains mais éventuellement l’existence même de leur espèce.
L’état inquiétant de l’humanité et de la planète présentement exige non pas plus de confrontation, de compétition et de clôture mais plus d’ouverture, de coopération et de reconnaissance mutuelle. La mentalité tribale et capitaliste de Donald Trump n’est pas seulement irrationnelle et immorale, mais carrément humanicidaire car elle renforce, en réaction, des comportements semblables chez les autres puissances et sert de modèle à toutes les forces conservatrices.
En 1989 le physicien philosophe Mario Bunge plaidait déjà pour la mise en place d’une organisation des Nation-Unies du monde capable de s’attaquer aux problèmes mondiaux qui s’accumulaient à l’horizon. En 1994, le sociologue philosophe Edgar Morin écrivait que « la crise de la planétarisation c’est la crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité …».
Cette crise multiforme sans précédent de l’humanité découle en fait de l’accumulation de multiples crises mondiales engendrées par l’idéologie totalitaire de la production-consommation-compétition à tout prix. Or, cette idéologie du « toujours plus » a conduit l’humanité dans un cul-de-sac existentiel d’où elle ne sait comment s’extirper.
Comment expliquer qu’en 2017, un démagogue comme Donald Trump qui exploite sans vergogne la crédulité des gens puisse devenir président des États-Unis? Comme éducateur, je n’ai qu’une réponse à cette question que je ne suis sûrement pas le seul à s’être posée : l’échec de l’éducation obligatoire dans les démocraties. Sinon, comment expliquer qu’au XXe siècle des masses d’humains ont suivi aveuglément des Hitler, Staline, Mussolini, Mao et compagnie?
L’élection de Trump démontre que l’éducation obligatoire, même dans une démocratie aussi riche et puissante que les États-Unis, peine à élever le niveau intellectuel et moral de ses citoyens. Aucun des deux candidats à la présidence n’a cependant abordé, à ma connaissance, le sujet de l’éducation obligatoire et de l’éthique. Pourtant, l’avenir des démocraties, qui se veulent un gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, va dépendre directement de leur capacité à élever le niveau surtout moral de leurs citoyens. Sinon, les démagogues continueront d’avoir beau jeu.